Le secret de Thibaut Pinot

Comme tant d’autres tifosis survoltés, je me permets le tutoiement en ce jour de der. De ton côté tu as tutoyé les sommets, caressé les cimes comme tu câlines tes bêtes, avalé du bitume, versé des larmes, lancé des « ça fait chier » désabusés, explosé d’une joie libératrice et tellement jouissive, du Tourmalet à la Lombardie. Au mois de juillet dernier, j’ai allumé ma télé quand tu as fait taire les commentaires. La foule agglutinée sur les pentes du Petit Ballon t’a porté bien au-delà d’un virage. Ce peuple en liesse, tu l’as fendu comme on t’imagine découper ton bois à deux pas de là, dans ta Haute-Saône natale. Dans mon canapé, j’avais le poil dressé et le cri facile sous le regard incrédule de mon gamin de neuf ans. La marée humaine aux gros coefficients a emporté une vague de frissons, faisant gémir les vaches dans le champs d’à-côté, décoiffer les crêtes où les myrtilles aussi sauvages que toi n’étaient pas toutes peignées.

Tu t’es fondu dans la houle avant de fondre en larmes. Un virage pour l’histoire, la tienne. Des bras levés comme autant de victoires, des banderoles déployées comme autant d’hommages, des hurra et des chants comme autant d’émotions. Si la montagne met les cyclistes à leur place, tu as mis le petit Ballon à tes pieds. Dans la ferme auberge à une encâblure du sommet le Pinot se sert noir ou gris, mais dehors c’est un feu d’artifice de couleurs. Une communion hors norme pour un cycliste qui l’est tout autant, loin des schémas tactiques aseptisés de la meute qui n’a pas encore embrayé derrière. Devant mon écran, j’ai chialé. Merde alors, que c’était bon de te voir voler comme un jeune premier, les suspects aux trousses, les tiennes et à pharmacie.

Les plans de course, tu les a concassés à l’instinct tout au long de ta carrière. Bien sûr il y a eu des bleus, des failles ouvertes longues à suturer. Tu as su ne pas dompter tes émotions au plus grand plaisir de nous tous, jurer, râler, souffler, mais toujours te relever en pensant à tes potes, tes compagnons de route. Tu affectionnes ce bordel que tes fans te rendent aujourd’hui, cette folie pure qui contaminent les rues de Bergame. La chair de foule à l’état brut. Ce samedi d’octobre 2023, Qui va Pinot va sano. Tu n’as jamais fait semblant, ni sans une petite bière – clin d’œil à la Jumbo – et c’est bien ton credo.

A l’heure des plans marketing, des tractations financières, des fusions d’équipe, ton sourire participe à l’effusion générale. Tu vas enfin pouvoir poser tes valises chez toi à Melisey. Je dois t’avouer ma fierté de connaître quelque peu ce coin de France grâce à mes grands-parents de Vesoul. C’est d’ailleurs en discutant avec la première de tes fans, ma grand-mère, que j’ai compris d’où venait ton secret. Disons plutôt que ça m’arrange de l’imaginer ainsi.

La patate que tu avais en traversant ce joyeux bazar dans la Curva Pinot m’y a fait penser.

En plus de ton équilibre auprès de tes bêtes et de tes proches, loin du bouillon du monde et de la furia italienne, ton secret est culinaire.

Il faut que le monde entier sache qu’un trésor se cache non loin de la Planche des Belles Filles.

Il s’agit de la cancoillotte.

Celle qui colle aux quenottes. Je vous en sers une larmichette ?

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A l’œil !

Le Chiwee’s est un restaurant au cadre aussi accueillant qu’au nom improbable de tribu indienne paumée au bord de l’océan. À l’intérieur une escouade de serveurs – sans plumes sur la tête – des couleurs, une atmosphère, des sourires à l’entrée, de quoi envisager le déjeuner en toute sérénité. Au moment où le moussaillon assigné à notre tablée enregistre notre commande, nous sommes à des années lumière de deviner le naufrage à venir. Pas d’indice précurseur, de vent contraire, rien à bâbord ni à tribord si ce n’est peut-être le parking clairsemé. Ledit matelot, bonne bouille, physique de jeune premier, mélange politesse et réserve malgré quelques signes de nervosité. Bientôt il mélangera d’autres choses. La convivialité naît, les discussions se déploient, s’étirent, tantôt sérieuses, tantôt légères, les langues se délient à l’approche de l’apéritif. Les consignes passées – train ou avion en vue pour certains – les entrées, plats et desserts vont suivre sans accroc. On navigue là entre promesse et théorie. Le serveur appliqué a recompté avant de filer en cuisine déposer son papier. De bon augure. On comprendra plus tard qu’il l’a probablement abandonné aux courants d’air. À l’arrivée des assiettes, un premier silence plombe l’assemblée. Le « on n’a pas eu les entrées » jaillit à l’unisson, ébranlant d’un coup la confiance des serveurs. Demi-tour, télescopage évité de justesse avec le collègue apportant à bout de bras deux entrées rescapées tombées là par hasard. L’avarie entame son œuvre, insidieuse, destructrice. Aucune excuse, tout juste si l’on ne doit pas deviner ce qu’il y a dans l’assiette. Après tout le client, à force d’être roi, devrait sur son trône et avec l’aura que lui confère sa couronne, éclairer la petite main d’œuvre, non ? Bref, si le navire flottait, le flottement s’accentue au point de faire tanguer le bastingage. Le personnel naviguant venu à la rescousse du moussaillon veut écoper en vitesse, ni vu ni connu. Les injonctions sont sèches, nos yeux déjà humides devant le sketch qui se joue. Faisons une croix sur l’entrée.

Une hôtesse aussi crispée qu’un docker un jour de grève reprend les commandes, les plats continuant à arriver au compte-goutte. Il faut alors se lever et hausser le ton, faire croire que le raté des hors d’oeuvre nous a mis hors de nous : « il n’y en a que quatre qui mangent ». Changement de serveuse mais pas de cap. La tempête fait rage au large, le bateau fonce droit dedans, moteur au ralenti, personnel sous l’eau, capitaine aux gouvernails absents et grand voile de la blague hissée, gonflée à bloc. Nouveau pointage de la commande passée quelques dizaines de minutes plus tôt. « Monsieur, vous aviez commandé quoi ? »

– La pièce du boucher…

– Ah…j’en ai plus !

Gloussements, rires nerveux, nouveau choix par défaut.

« Amenez-nous du pain en attendant !

– J’ai plus de pain Monsieur !

L’apocalypse, une classe folle mise au service du client. Un restaurant situé au milieu d’une zone commerciale et industrielle, face à METRO et avec une boulangerie proche. Il y a des exploits qui confinent au génie pur. À cet instant, le naufrage guette, sourd, mesquin. Pourtant, l’équipage semble encore disposé à sauver la face. Optimisme béat et b.a.ba de la restauration aux oubliettes. Chacun finit par grignoter un bout, désormais moins préoccupé par l’assiette que par le prochain couac. Avant de couler, on commande une bouteille de rouge, mettant ce désir sur le dos d’un collègue : « servez-lui à boire, il va dépérir ! ». Et le matelot du début qu’on pensait perdu : « moi aussi je déprime… ». Non, toi, considère que tu es viré…Le bateau prend l’eau, nous le vin. Les marins persévèrent, nous on perd nos nerfs. Au bord des larmes de rire, on observe l’apprenti sommelier du jour servir le rouge dans un verre non vidé. Ne parvenant pas à mettre de l’eau dans son vin, l’équipage qui fait corps, réussit à mettre du vin dans l’eau. S’ils ne font pas les choses à moitié, ils les font à l’envers.

Pour les desserts un nouveau membre arrive, déterminé comme jamais. « Dites-moi ce que je peux faire pour vous ! Je vous propose la tarte banane chocolat »…puis après un pas de danse en direction des cuisines « excusez-moi, c’est pom…non – on entend que ça souffle en coulisse – poire chocolat. » Vendu ! C’est donc ça, une pièce d’improvisation ! Ou un piège filmé. Non, pas de caméras braquées sur la table. Les parts nous arrivent à une vitesse inouïe mais sans les cuillères. Pas le temps de le signaler, la serveuse a déjà tourné les talons et est à deux doigts de tourner de l’œil. Manque de bol, les plats n’ont pas été débarrassés. La tribu a des principes, on ne s’encombre pas de l’ordre établi. Et si on allait leur apporter en cuisine ? Un collègue, drapé de sa générosité, de l’envie de bien faire, et chaussures de sécurité aux pieds, y file tout droit pour rapatrier quelques cuillères.

La tempête s’éloigne, laissant une équipe proche de l’évanouissement et un bruit de fond empli de nos rires sonores. Et rire, ça nourrit, que demande le peuple ? Le patron a depuis un bail lâché ses troupes. Resté en embuscade, il prépare la sortie, solidement arrimé à sa caisse. Ses employés ont navigué à vue, confondant vitesse, précipitation et savoir-faire, lui finit par se confondre en excuses. Zéro pointé en salle, addition nulle, repas offert. Il aurait de toute façon été bien incapable de retrouver ses petits. Comme quoi, s’il a été loin de ses sioux, il n’est pas près de ses sous !

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Un arbre peut en cacher un autre

Ce soir, happé par le tournis de la page blanche, je décide de bousculer ma routine d’auteur paresseux et de faire plume basse sur le premier sujet ardu venu. Ce sera les arbres, tout aussi casse-gueule que le cinéma japonais d’après-guerre, des thèmes à des années lumière de mon univers. Débuter mon histoire par « Assis au comptoir, un verre de vodka à la main, le jeune homme semble tout aussi concentré que sa boisson diluée » conférerait une toute autre orientation au texte mais revêt une banalité affligeante tant j’ai déjà exploité le thème en long, en large et en travers des comptoirs cajolés par Fabrice, mon colocataire. Un type qui voue un acharnement de tous les diables à honorer son abonnement aux bars du coin et aux personnages qui gravitent dans le quartier, quand lui a abandonné depuis longtemps son équilibre à ses breuvages préférés comme on confie un secret à l’oreille d’un pote. Une source d’inspiration quotidienne.

Des futaies aux hêtres inconnus recueilleront donc ma plume le temps d’une nouvelle. C’est tout vu, elle sera courte et nerveuse. J’étais gamin des villes biberonné au bitume, je suis trentenaire des métropoles féru de béton. Incapable de distinguer une vache normande d’une charolaise, un platane d’un chêne vert, une tulipe d’une jonquille. Pour moi les arbres ont longtemps été classés en deux catégories, les spécimen à feuilles d’un côté, ceux à aiguilles de l’autre, et ont été plantés en scarifiant les artères urbaines sous les assauts de marteaux piqueurs ravageurs. Pour les parcs, c’est une autre histoire mais qui demeure un mystère épais tant il me paraît incongru de gaspiller une surface promise au minéral. Quelle hérésie ces arbres patibulaires amassés dans des jardins publics, projetant leurs ombres glaciales et menaçantes sur des passants obligés de courber l’échine et d’allonger le pas dans cette jungle hostile et sombre. Certains inconscients osent pourtant s’asseoir sur des bancs mis là par une municipalité irresponsable. Pire, des marmots en culottes courtes s’agitent dans d’immenses bacs à sable ou malmènent des jeux rouillés et autres structures imbriquées dans ce fouillis d’écorces. Encore un coup de la ville ! Las, séquoia, pins, charmes et autres bouleaux – j’ai consulté les étiquettes du jardin d’à-côté – attaquent également les magnifiques façades rénovées des avenues alentours. C’est bien beau de se casser la tête et la tirelire à poser de larges baies vitrées si ces voisins d’une autre époque grignotent la lumière en toute impunité ! La prime à l’âge, diront certains. Adolescent, quand j’ai découvert l’existence des forêts, il m’aurait fallu un de ces bancs tant le choc a été rude. Des arbres à perte de vue diffusant leurs pouvoirs maléfiques. En réalité, l’horizon est bouché dès les premières rangées. Ceux qui cachent la forêt désignent l’immensité effrayante.

Assez divagué, et si je me concentrais sur mon histoire ? Premier jet achevé non sans embûches. Relecture. Soupirs. Au lieu d’un récit tranchant, j’ai sous les yeux un maelstrom dense, touffu, indigeste. Des fioritures sous chaque feuille, des lourdeurs planquées au coin du bois. Un guet-apens végétal à la hauteur de ma tentative périlleuse. Mon pari se mue en piège qui referme ses branches noueuses sur mes espérances. J’inspire fort pour me donner de l’air, comme étouffé par la moiteur de ce magma de mots, à l’affût d’une clairière. En deux paragraphes, mon style a perdu de sa prestance, de sa souplesse et de sa légèreté. Ça fait beaucoup pour un hymne à la chlorophylle ! J’ai sous-estimé la hauteur de la marche, sa régularité également. Je me suis imaginé virevolter de ligne en ligne comme Tarzan de liane en liane. Grossière erreur. Après tout, je devrais me contenter des frasques de Fabrice. Que choisir ? Déchirer cette ébauche ou corriger, effacer la difficulté ou sauver la forêt ? Comme la lumière tarde, je me précipite à la fenêtre. Les deux mains cramponnées au garde-corps, je m’imprègne d’une bonne dose de fragrances urbaines, quelques décibels revigorants, l’odeur mêlée des gaz d’échappements et des cuisines du restaurant turc du rez-de-chaussée.

Regonflé à bloc, j’élague, débite, trie, jusqu’à ce qu’il ne reste à retirer qu’une poignée d’épines réfractaires. Je contemple le résultat. Rien, ça ne ressemble à rien. Tout juste à une forêt fourbue après le coup de sang d’une tempête musclée. Au loin vers le Sud, le ciel grogne. Je n’aime pas l’orage, la pluie, à eux deux ils exacerbent les senteurs des végétaux et délavent les couleurs de la ville. Je lève la tête et bute sur la nuit. Combien de temps s’est écoulé depuis l’amorce de mon rafistolage ? Je n’ai pas entendu Fabrice sortir. Mon regard se perd dans les ténèbres, mon poignet engourdi déclare forfait, lâchant dans un bruit sourd le stylo sur le parquet. Ma torpeur s’efface au coup de tonnerre inaugural, surpuissant. Sans doute pressé de se lancer dans la saison, il n’a pas attendu l’éclair. Je réalise soudain qu’il a frappé dans l’entrée de la colocation. Le retour de beuverie de Fabrice, en rélaité. Rond comme une queue de pelle et comme chaque soir de week-end. Étrangement, l’image fugace de ma pelle à tarte se matérialise dans mon esprit, crochue à son extrémité. À peine relevé, mon colocataire fait une entrée fracassante dans ma piaule, puis, d’un geste théâtral, brandit sa nouvelle écharpe :

« Tu vois, Fred, elle tient chaud, mais alors qu’est-ce qu’elle donne soif !

Quand certains se créent des nœuds au cerveau pour aligner deux phrases, d’autres ont le prétexte limpide et l’enchaînement des verres fluide. Ce soir, je ne suis pas d’humeur à éponger le ruissellement de ses états d’âme éthyliques. Je me replonge dans mes gribouillis, Fabrice, lui, adossé au buffet, entame son monologue. Ce soir, il a troqué bières, vodkas et mauvais alcools contre du pinard. De prestigieux crus selon lui. Je me crispe quand je distingue au milieu de son charabia :

« …fût de chêne, arômes de fleur, herbe fraîchement coupée, boisé ! »

C’est de la provocation ! Mais son discours m’arrache un sourire. Je me baisse à la recherche de mon stylo, saisis une page blanche et y glisse quelques mots qui feront l’affaire avant que l’idée ne s’évapore dans la nuit d’été. L’orage a passé son chemin, un signe. Si le succès littéraire se mesurait à l’inspiration d’un sujet, il faudrait décerner un prix à Fabrice qui, pour l’heure, ronfle, affalé au pied du seul pot de fleur de l’appartement.

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Sur l’air du portail

On arriva à destination. Un hôtel de la proche banlieue érigé aux confins d’une zone pavillonnaire. Calme assuré. Mais Phil s’arrêta net, comme un chien dressé à flairer le danger.

« Ma paie de l’année que l’endroit sera miteux !

  • Pourquoi ?
  • Tu entends quelque chose ?

  • Rien que le silence !

  • Regarde, le parking est ouvert aux quatre vents !

  • Et alors ?

  • Hier, on a longé une flopée de palaces aussi étoilés qu’un ciel de pleine lune au mois d’août.

  • Je ne te suis pas…

  • Suffisant pour échafauder une théorie.

  • Laquelle ?

  • Tu n’as rien remarqué ?

  • Non, je n’ai rien vu !

  • Et tes oreilles ?

  • Mes oreilles ?

  • Elles n’ont rien perçu ?

  • Des bruits de klaxon, une moto qui accélère, des couinements…

  • Voilà ! Le standing de ces hôtels se mesure aux émissions sonores de leurs grilles en action. Le grincement de celles du Bristol reproduit les notes des Quatre saisons de Vivaldi. Carmen au Ritz, Le lac des cygnes au Georges V.

  • Ici, pas de Petite musique de nuit.

  • Pas même un air de mauvaise pop pour ados surexcités.

  • Et pas de portail.

  • Ça promet une nuit chaotique.

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Fier de lance

Ce matin dans l’Océan l’immensité a changé de camp

Le géant sur son séant trimballe ses superlatifs, empoigne son destin et ne fait qu’une bouchée de l’embouchure

Caressant le large de ses tonnes par milliers, le voilà volant de ses ailes propres, luisantes, lustrées

La quille

Derrière, le vide en cale sèche toussote, réclame l’attention sous le regard ému des orfèvres du coin et l’œil placide des vignettes Tintin

Pas de panique il y a des coques en stock !

 

 

 

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Menus poissons

Les ultimes rayons du soleil d’hiver s’abattent sur la mer, happés en bout de course par l’horizon encombré de nuages porteurs d’averses. Marius et Pierrot, attablés dans un coin de la brasserie qui leur sert de cantine, font grise mine.
« Ils nous cassent les bonbons avec leur Brexit, attaque Pierrot.
– Paraît que la Reine Mère veut récupérer ses sujets ?
– Oui, interdiction de pêcher un poisson anglais, désormais !
– Depuis le temps qu’ils fricotent avec nos ouailles, prouver leur nationalité va être coton !
– Exact, Marius. Cette affaire est tordue, aussi emmêlée que mes filets les jours de gros temps.
– Qu’en pensent les poiscailles ?
– Ils s’en contrefichent !
– Tu leur as demandé ?
– Non, je parle anglais comme un poisson espagnol !
– Une vache !
– Quoi ?
– On dit une vache espagnole, Pierrot !
– Parce que tu crois que le poisson d’Espagne se débrouille mieux ?
– Ne sous-estime pas les Ibères !
– Bref, les faire parler nous faciliterait le tri.
– Je ne voudrais pas refroidir tes ardeurs mais il me semble que les poissons de la Manche sont aussi muets qu’une carpe d’élevage. Et crois-moi, le silence anglais ressemble au silence français comme deux gouttes d’eau tombées de part et d’autre de la frontière.
– Puisque tu étales ta science, tu as mieux ?
– L’humour !
– Sérieux ?
– Ou leur façon de nager.
– Précise !
– Le crawl, c’est pour les poissons anglais.
– J’ai comme un doute, Marius…
– Crawl, c’est un mot anglais, je ne vois pas ce qu’il te faut de plus.
– Les voir battre des nageoires !
– Tu pinailles, Pierrot.
Le son de la télé parvient aux oreilles des deux acolytes. L’envoyé spécial évoque eaux territoriales et quotas.
« Ça veut dire quoi, eaux territoriales ? interroge Marius.
– Ça signifie chacun de son côté.
– Parce qu’en plus, on compte sur nous pour leur faire passer la frontière ?
– Mais non, ils parlent des pêcheurs.
– Les bateaux Français d’un côté, les rafiots Anglais de l’autre ?
– Affirmatif, pas besoin de trier en réalité !
– Et les poissons sont plus nombreux à barboter en Angleterre ?
– Un sacré paradoxe, n’est-ce pas ? Se précipiter dans les casseroles Outre-Manche, quelle idée ! Une injure à la gastronomie !
– Il nous faut un plan pour qu’ils rappliquent en France, Pierrot.
– Ces bêtes-là, ce n’est pas causant, mais ça écoute. On va leur dérouler le tapis rouge, Marius, vanter l’Union Européenne, la libre circulation…
– Et puis l’auberge espagnole c’est plus excitant que le fish and chips !
– Justement, j’ai un ami pêcheur à Barcelone. Il fréquente des poissons qui en ont par dessus les branchies de finir en bouillabaisse à Marseille ! Il se fera un plaisir de leur chanter les vertus de la Manche ou d’organiser un gueuleton le long des côtes atlantiques.
– Je savais qu’on pouvait compter sur les Ibères !
Le bulletin s’achève sur la situation en Catalogne.
« Mais la pagaille qui règne là-bas pourrait tout faire capoter, ajoute Pierrot en pointant la télévision.
– Pourquoi ? Ils sont grands, les poissons catalans, autonomes et libres de partir à la rencontre de leurs potes du Nord !
– Certains réclament l’indépendance !
– L’indépendance ? articule Marius comme s’il peinait à saisir. C’est plus fort que la liberté, ça ? Dans ce cas, qu’il nous envoie les pro-Espagne !
– Oui mais on en revient au point de départ !
– Lequel ?
– Comment les distinguer ?
– Bon. Tu n’as pas un copain ailleurs ?
– Si, en Corse !

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Un, deux, trois, flocons !

Il y a des saisons où l’on traite l’information comme les chaussées, à grand renfort de sel. Pourtant, si la récente couverture des événements hivernaux par des médias en quête de leur première étoile, la fleur au fusil et de grands sabots en guise de chaussures – pas étonnant qu’ils galèrent skis au pied – n’a pas manqué de piquant, certains ruent dans les brancards au motif qu’une route saupoudrée d’une fine pellicule de neige ne peut avoir été traitée. « Regardez, c’est blanc », lancent-ils fièrement à l’envoyé spécial dépêché sur glace, pensant détenir la preuve irréfutable de l’incompétence des pouvoirs publics. Ça grogne, ça met à l’index – gelé, le doigt – ça s’énerve. Les commentaires vont bon train – tout le contraire des bagnoles – et se répandent comme une traînée de poudreuse sur les réseaux sociaux aussi encombrés que les infrastructures routières, aujourd’hui patinoires. Les ya ka flocons ne prennent pas de gants pour casser du sucre – pas aussi efficace que le sel – sur le dos des autorités. « Ils ne pouvaient pas déneiger avant que le premier flocon ne pointe le bout de son cristal glacé, ou éviter que cela ne tienne ! » C’est vouloir le beurre salé et l’argent du beurre ! Certaines voitures jouent à touche-touche, d’autres y vont franco – pas tous les jours qu’il neige en Ile de France, l’occasion est trop belle – et ne trouvent pas meilleure solution de repli que la mise en portefeuille aux conséquences immédiates sur le porte-monnaie. L’automobiliste, la tôle froissée et l’air pincé, serre les dents et se frotte les yeux. Les grisonnants misent tout sur les vertus présumées de leurs cheveux poivre et sel qu’ils s’arrachent par touffes entières sur la Nationale 118 218. Tout touyoutou ! En vain.

Pendant ce temps-là, l’information continue dérape, bégaye. Privés d’équipements spéciaux comme l’automobiliste lambda, BFM, LCI et consorts enquillent les éditions spéciales, montant des directs en plateau et à la chaîne. Pigistes, stagiaires, titulaires, tous les journalistes se confrontent au théâtre des opérations qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Costumes grandioses qui auraient fait suer le plus frileux des andalous un soir de l’hiver 1954, gesticulations amples, dialogues grandiloquents et surréalistes aptes à redonner un coup de fouet à un Audiard en mal d’inspiration. « Vous êtes bloqué au volant de votre voiture, Monsieur ? » « Oui, ça ne bouge pas ! » ou encore : « En colère ? » « Chaque hiver c’est pareil, dix centimètres annoncés et des routes pas dégagées ». On ne songe pas une seconde à s’équiper de pneus neige – à Paris, pensez-donc – encore moins à rester chez soi – des fois qu’ils auraient eu le temps d’investir dans des bataillons de chasse-neige et de bichonner le réseau de l’Ile de France en moins de temps qu’il n’en faut pour dégager une demie rue de Montréal après une tempête de neige, tiens, allons voir. Ils sont une escouade de téméraires à avoir eu la même idée, marqués à la culotte par l’envoyé spécial. Fichtre, les dix centimètres annoncés ont tenu au sol ! Avouez que dix centimètres qui ne tiennent pas, c’est une autre limonade ! Bref, les micros se tendent comme ces femmes et hommes coincés, voyant poindre la perspective d’un duvet de fortune dans un coin de centre commercial – n’en déplaise aux commerçants des centres-villes, ceux-ci ont des vertus une fois par an – ou, pour les plus chanceux, dans le gymnase le plus proche reconverti en dortoir. Dans ces circonstances extrêmes, la solidarité s’organise, des liens se créent. À mesure que les températures dégringolent, il est à la fois plus et moins facile de briser la glace. Il en faut du cran – surtout sous les chaussures – pour recueillir ces témoignages de réfugiés climatiques de la région la plus riche de France. Mais les pontes des chaînes d’informations en continue débordent d’imagination comme la Seine ou la Marne un jour de crue. Une mine inépuisable – pas de sel, dommage – d’inspiration. De quoi fomenter ce genre de forfait chronique, de commenter les commentaires.

D’ailleurs, tout le monde ayant apporté son grain de sel, c’est à se demander pourquoi les routes sont restées blanches !

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Deuil à feu doux

Morte. Pour une fois, appelons un chat un chat, au diable les métaphores ! Évidemment, ça ne va pas mieux en le disant. Cinq jours que tu m’as quitté, ma cocotte, et me voilà contraint de me dépatouiller avec une solitude valant déjà son pesant de cacahuètes avariées. En moins de trois pas hasardeux dans notre rue mal éclairée, tu as semé la pagaille dans ma tête et l’émoi dans la cuisine, ou l’inverse. As-tu mesuré les conséquences de ton geste ? Je t’en veux, tu sais. Bon sang, regarde ma tête ce soir. Affirmer que je suis paumé relève de l’euphémisme douteux. L’envie me chatouille de tout envoyer valser sur les murs fraîchement repeints de la cuisine, à commencer par les figures de style. Suivies du tablier informe, des ustensiles menaçants et des ingrédients éparpillés pour l’heure aux quatre coins de la pièce. En clair, tu me manques affreusement, terriblement. Comment ? Oui, le deuil octroie une seconde chance aux adverbes. Tout le contraire du suicide ! Selon la voisine, une fin qui sied aux lâches, un mantra martelé par Mireille à longueur d’année comme pour conjurer le sort – raté ! – elle qui n’est pas à une idée arrêtée près. Me suis toujours demandé comment une telle virtuose aux fourneaux pouvait flancher face à ses semblables, lâchée par des humeurs bondissantes. Capable dans la même heure d’une finesse inouïe en cuisine et de passer ses nerfs sur ses proches sans raison. Crois-moi, ses crèmes brûlées sont à tomber par terre, et quand il m’arrivait d’y goûter, je tombais de haut, depuis les cimes de la perfection culinaire. Dotée de l’humour d’un docker un jour de grève et d’une tolérance au bruit faiblarde, elle a vu d’un mauvais œil ton installation, comme si notre ménage était apte à torpiller sa tranquillité. Du jour au lendemain, oubliée la crème brûlée. Alors quand tu t’es jetée sous les roues de la première voiture venue avec la conviction d’un jeune comédien propulsé sur les planches dans le rôle principal, hors de question d’y voir un acte de lâcheté ! La marque d’un courage solide, oui, et d’un sens aigu de la blague, ladite bagnole étant celle de Mireille, passée d’Audi flambant neuve à feu l’Audi, sous les imprécations incendiaires de l’excitée d’à-côté. Tu aurais vu sa tête, et celle de la carrosserie, aussi froissées l’une que l’autre ! Le moteur esquinté a toussé avant de s’éteindre, tout le contraire de Mireille qui a rugi de plus belle. L’épisode aurait pu m’arracher un sourire si tu avais eu la présence d’esprit d’en réchapper. Non, tu as laissé libre cours à ton jusqu’au boutisme. Tu savais toujours ce que tu voulais, et je te soupçonne de m’avoir laissé en plan sciemment, tes dernières volontés inexprimées. Permets-moi donc d’accommoder à ma sauce. À ce propos, tu ne saurais pas où se planque le poivre ? Je te connaissais soupe-au-lait, pas dépressive, et si notre couple vacillait de temps à autre, tu prouvais chaque jour qu’il ne suffisait pas de battre de l’aile pour voler vers d’autres cieux.

Dis, tu la connais, toi, la recette ? Par quel bout commencer ? D’accord, je remballe mes questions stupides. Inutile de te cuisiner de la sorte. À moins que ? Mets-toi à ma place, j’ai un suicide sur les bras, ta mort sur le cœur, je passerai à table sans appétit et sans toi, et je me farcis la préparation d’une volaille dodue. Si seulement tu pouvais me faire un signe. Ce plat-là ? Celui-ci ? Et l’accompagnement ? Carottes, poireaux, navets ? Tu m’as toujours tanné pour être accompagnée, maintenant que je te le propose, tu ne pipes mot. Ce sera écrasée de pommes de terre, un hommage en quelque sorte. Encore un petit effort avant de lancer la cuisson. Ah, j’allais oublier les oignons ! Une poignée en guise de bonne conscience, en vertu de leur capacité à faire chialer, de quoi alléger mon esprit emberlificoté dans les brumes. Depuis ton départ, mes pensées sont aussi mouvantes que les idées de Mireille fixes, elles s’évaporent au petit jour et se confondent avec les volutes des cafés que j’enchaîne avec une constance nouvelle. Les oignons, donc. Tu me verrais à l’instant les martyriser, comme si la brutalité conférait une légitimité aux larmes. Oui, je pleure désormais, à grosses gouttes, chaudes, franches, tel un torrent de montagne gonflé par la fonte des neiges. Il va de soi que les patates connaîtront le même sort, pulvérisées sous les assauts du presse-purée guidé par un bras en mode vengeance gratuite, avant d’échouer dans une assiette, plus écrabouillées qu’écrasées.

Il y en aura pour quatre, et autant en épluchures. Tu aurais apprécié. Oui mais voilà, au risque de me répéter, tu n’es plus là. Ce n’est pas tout à fait exact, disons que tu as choisi une autre voie. Celle te menant au nid de poule – ironie de l’histoire – fonçant bec le premier sur le pare-choc de l’Audi. Mireille n’en démordait pas, une poule seule, c’est la déprime assurée. En observant ta dépouille assaisonnée, je me demande si elle n’avait pas raison pour une fois.

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Quand Saint-Nazaire chuchote à la mer

De ville à l’amer à ville à la mer, il n’y a qu’une pirouette lexicale et un pas que Saint-Nazaire a franchi haut la main – les deux, même – et les doigts de pied en éventail. Pour palper ce revirement, rien de tel qu’une arrivée par le Pont, un trait d’union et bien plus, la promesse d’un mélange détonnant, apte à chambouler les sens du touriste de passage, du néo Nazairien ou de l’autochtone en voie de conversion. Une alchimie complexe à faire valdinguer les clichés et assommer les idées reçues sous les rafales d’un vent nouveau qui ne renie pas les fêlures du passé. Ce courant d’air rafraîchissant a le goût de l’iode, l’éclat du métal dans le port et la force des vagues. La même solidité désarmante que le béton armé de la base sous-marine. Il se lève, tourbillonne, s’engouffre dans les alvéoles et déboule sur le Front de Mer, où il caresse le sable, les visages des promeneurs et les façades gorgées de soleil, poursuivant son œuvre le long du sentier côtier. Là, il rafle la brise, emporte la bise, exhorte suroît et noroît, s’emballe à bâbord, titube à tribord, reprend son souffle, puis slalome au petit trot entre les pêcheries, au large des quelque vingt plages d’un littoral qui a plus d’un tour dans son ressac. Les plus attentifs distingueront les chuchotements échangés entre la ville et la mer. Messes basses à marée haute.

Mais sans acteurs, pas de vent, pas d’impulsion, d’élan, de sens. Il faut un cadre, aussi, cette ville à la mer, toujours, une lumière, jamais la même, une atmosphère, unique. Et cette poésie, partout, qui suinte, dégouline, une offrande qui se répand sur la cité telle une crème onctueuse sur une pâtisserie de jour de fête, se reflète dans le regard d’un lever de soleil sur l’Estuaire ou dans les yeux des cieux facétieux, embrasés au coucher. Nul besoin d’atomes crochus avec le romantisme pour déguster ces notes poétiques capables d’apaiser le plus énervé des dockers un jour de grève. Pas question pour autant de rouler des mécaniques, contrairement à quelques unes de ses voisines aux noms ronflants, ensommeillées une partie de l’année – ça leur apprendra à ronfler – et à la vitrine clinquante et rutilante. Non, Saint-Nazaire revendique failles et aspérités, les laisse infuser, décanter, pour en extraire le meilleur, délicatement, sous l’action conjointe des éléments et des esprits en fusion. Ici, il suffit de s’imprégner de l’ambiance, de déambuler ou de picorer parmi les événements. De quoi satisfaire tous les appétits par petites touches, des myriades d’idées qui éclairent la ville de leur lueurs autant que les phares annonçant l’immensité du large. Saint-Nazaire voit grand et parfois encore plus, en forçant sa nature.

Comme au cours de ce mois de juin 2017 mémorable, la célébration de haute volée du débarquement américain un siècle plus tôt. Toute la cité portuaire a mis les petits voiliers dans les grands, offrant à des centaines de milliers d’yeux braqués sur « The Bridge », des moments de magie et d’émerveillement d’une intensité rare. Ce samedi-là, quand le Queen Mary 2 fend la houle, la foule se tend, comme happée par le mastodonte et figée dans cet instant savoureux magnifié par les cornes de brume. S’en suivent cortège de girafes oniriques, grues qui côtoient les mâts du Belem avant de propulser, la nuit venue, des anges agiles larguant par brassées généreuses des plumes d’un blanc impeccable dans un tourbillon des plus féeriques. Et bien sûr, le lendemain, une famille royale recomposée, le Queen Mary 2 en tête, et les princes des océans dans son sillage, cousins par alliance de la technologie et de l’innovation, prêts à s’élancer ensemble à l’assaut de New York, dans un clin d’œil symbolique à l’Histoire. La mer est radieuse, le Maire au diapason. Et que dire de nous tous, Nazairiens et visiteurs ? Alors que les géants des mers mettent le cap vers la Grosse Pomme, on a la banane ! Quelques bâtiments aussi, la plastique revisitée par le talent d’une plasticienne américaine et celui des Frères Toqué qui ont frappé un grand coup. Des images qui cajoleront encore longtemps notre persistance rétinienne, depuis la cime de notre ô hisse parade.

Une manifestation possédant la motorisation d’un TGV et d’un Airbus réunis, mais qui n’étouffe en rien la multitude d’initiatives amorcées, abouties ou encore dans les cartons. Ici, les idées fusent, se propagent, essaiment. Même les coquillages s’y mettent – six petites berniques attachantes tiennent un blog avec talent – les abeilles butinent plus que jamais, les graines d’entreprises transforment leur coup d’essai en coup de maître, les cultures s’entrechoquent, les décibels exotiques prennent leur quartier d’été sur le port au cours d’escales vitaminées, et les écrivains se rencontrent.

Bref, à Saint-Nazaire, ça bouillonne, ça phosphore, ça crée. Ça vit tout simplement. L’air iodé invite à la respiration. Et à l’inspiration, non ?

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Quand Irma perd la boule

Voyez un peu l’envoyé spécial du dimanche plus habitué aux salons feutrés qu’aux conditions extrêmes, venu prendre la température avant le passage d’Irma, et surtout flotte et bourrasque en pleine tronche. Qu’il a l’air couillon avec son imperméable trop grand à la capuche qui pendouille, inutilisable. En aucun cas il l’aurait vissée sur sa tête de toute façon ! Il s’agit avant tout de mouiller sa chemise, faire preuve de courage, de bravoure, de folie, d’inconscience. Hors de question de se mettre à l’abri. De la connerie encore moins. Le reporter a le geste ample et le superlatif facile, comme si on avait besoin de ça pour comprendre que le vent n’y va pas mollo. Poussé par les rafales, il enfonce les portes ouvertes avec une facilité déconcertante, et sous les plus musclées, il semble mimer un cours de paddle version débutants. Le décor est planté, les palmiers pliés en deux, courbant l’échine et maudissant le paysagiste qui les a posés là pour agrémenter la carte postale. Tout le monde est à l’abri sauf le journaliste qui pourtant appelle à la prudence, la plus grande tant qu’à faire ! Son incantation résonne telle une invitation conjointe de Trump et Kim Jong-un à la méditation. On aurait envie de lui secouer le cocotier, ou que ce dernier au bord du déracinement s’en charge ! Ça gesticule, ça braille, ça hurle, à croire qu’il s’est lancé dans un duel contre la nature. C’est à qui aura le dernier mot. Inutile de préciser l’issue du match. Bon joueur, il reviendra sur le théâtre des opérations une fois la furie passée, la capuche en moins et le verbe intact. Cette fois-ci, il faut mesurer l’étendue des dégâts. Rien que ça ! Avec un simple micro, une caméra et une paire de botte. En même temps, il recueille des témoignages comme on ramasse des champignons, délicatement mais avec le repas du soir en tête. Pour lui, ce sera choux gras servis sur un plateau. Celui du 20 heures.

 

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